Accueil > l’écopastoralisme > Sites ecopastauraux > Itinérance sur les rives des lacs médocains (Gironde)
D’importantes modifications du paysage, liées à l’abandon progressif de pratiques pastorales traditionnelles, couplées au développement de la culture de Pin maritime et à l’artificialisation du système hydraulique ont conduit à l’échelle du bassin versant des lacs médocains, comme du triangle landais, à l’assèchement et à la fermeture de certaines zones humides anciennement ouvertes. Ceci conduit aujourd’hui à mettre en place des opérations de réouverture et d’entretien des milieux afin qu’ils puissent assurer leurs fonctionnalités et retrouver une certaine naturalité.
Le développement d’une végétation dense sur des zones humides anciennement ouvertes conduit à la perte d’habitats importants pour de nombreuses espèces, parfois patrimoniales et protégées, spécialistes de milieux ouverts, ciblé.e.s par le réseau Natura 2000, auquel sont intégrés les lacs d’Hourtin-Carcans et de Lacanau, leurs rives et le Canal des étangs qui les relie au Bassin d’Arcachon.
Il est donc primordial dans une optique de conservation de maintenir l’ouverture des parcelles tout en veillant à préserver une alternance de milieux fermés et ouverts afin de préserver voire restaurer les cortèges faunistiques et floristiques propices à l’expression de la biodiversité ainsi que les fonctionnalités écologiques qui leur sont associées. Par ailleurs, la pratique de certaines activités est intimement liée à ces milieux ouverts.
Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, en Médoc, la structuration du paysage se faisait au travers des pratiques agricoles : le pâturage des troupeaux avec les transhumances annuelles, les fauches et les cultures… Avec l’arrivée des techniques modernes, mécaniques, et le développement de la sylviculture, les pratiques pastorales et agricoles traditionnelles se sont peu à peu raréfiées. Pourtant, le pâturage apparaît comme un mode de gestion très adapté pour maintenir l’ouverture des zones humides sur le territoire créant ainsi un écho à la dimension socio-culturelle et aux pratiques historiques du Médoc.
Depuis 2017, des opérations de pâturage itinérant sont réalisées sur le bassin versant des lacs médocains dans l’optique de préserver les paysages et de revenir aux pratiques anciennes de pâturage, en partenariat SIAEBVELG – Conservatoire des races d’Aquitaine.
Entre 2019 et 2022, cette action a fait l’objet d’un Contrat Natura 2000 porté par le Conservatoire des Races d’Aquitaine, association loi 1901, pour le financement de l’entretien par écopastoralisme sur les parcelles situées dans le périmètre Natura 2000. 209 hectares de zones humides ont pu être entretenues en 4 ans dans le cadre de ce contrat.
En 2023, les actions ont pu être financées via le soutien de l’Agence de l’eau Adour-Garonne et du Département de la Gironde.
Sur la période 2024-2027, cette action devrait à nouveau bénéficier de financements européens au travers d’un contrat Natura 2000.
Le troupeau ovin/caprin utilisé pour cette opération se compose de 300 brebis, béliers et agneaux de race landaise ainsi que 80 chèvres de Pyrénées.
Le déplacement des animaux depuis la bergerie des Matruques à Saint-Aubin, « quartiers d’hiver » du troupeau, est réalisé à pieds pour regagner les zones humides du Nord du Lac d’Hourtin-Carcans. Le départ est donné mi-avril et la transhumance prend fin en novembre. Le parcours est ainsi été ponctué de plusieurs étapes, d’abord en forêt, puis autour des lacs.
- Arrivée du troupeau à Talaris (Septembre 2024)
Les pratiques de pâturage s’inscrivent dans l’objectif global poursuivi qui est de travailler à la restauration des fonctionnalités naturelles des zones humides dont découlent de nombreux services pour les populations humaines : amélioration de la qualité de l’eau, régulation des crues, séquestration du carbone, régulation du climat, habitats pour de nombreuses espèces etc.
L’éco-pastoralisme, développé depuis quelques années sur le territoire et allant vers un retour aux pratiques ancestrales en Médoc, connaît une belle réussite, à la fois parce qu’il apparaît comme un mode de gestion permettant d’atteindre les objectifs d’une gestion plus douce en s’affranchissant du mécanique mais aussi par les connexions qui se créent avec la conservation de races anciennes et la filière élevage sur le Médoc.