Conservatoire des Races d’Aquitaine

Sauvegarde et valorisation des races d’élevage régionales

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Suivi des vaches Betizu

Noté le mardi 25 janvier 2022

Les Betizus sont des vaches vivant en liberté sur deux massifs montagneux du Pays basque qui ne bénéficient pas d’un cadre réglementaire. Elles circulent librement sur des zones présentant des activités sylvicoles, agricoles et d’élevages. Les rapports entre Betizus et habitants des territoires sont complexes et ambivalents, ils suscitent parfois des controverses voire une opposition lorsqu’ils entrent en compétition avec certaines activités humaines. Ce partage du territoire peut mener à des conflits et des tensions. C’est pourquoi l’acceptabilité de cette population d’animaux sauvages sur le territoire est nécessaire et incontournable à une sauvegarde durable. Le Conservatoire, par les actions collectives qu’il met en place mais également le rassemblement des différentes parties prenantes participe à réduire les tensions et les risques de conflits favorisant ainsi la préservation des Betizus à long terme mais également la sécurité des personnes et des biens.

© CRA

De nos jours, la population est fortement menacée et son effectif compte une centaine d’individus répartis sur les deux massifs, le Xoldocogaina et le Mondarrain, dont les troupeaux n’ont pas de contacts.
En 2021, le Conservatoire des Races d’Aquitaine a lancé un projet global pour la protection durable de la population. L’ensemble des acteurs locaux ont été mobilisés : communes, Conseil Départemental, Conseil Régional et Communauté d’Agglomération Pays Basque. Ce plan de gestion comprend plusieurs points :
- la caractérisation de la population permettant de suivre les individus à travers le temps, leur filiation, et les manipulations vétérinaires qui ont pu être réalisées sur eux.
- l’évaluation de la vulnérabilité de la population : il s’agit d’un point crucial dans la gestion de la population, qui se mesure simplement par le suivi des effectifs, le sex-ratio et la présence de jeunes
- la gestion du risque de transmission de maladies (tuberculose, leucose, brucellose et IBR) aux bovins d’élevage fréquentant les mêmes zones d’estive.
- l’équilibre écologique de ces massifs pouvant être menacé par du surpâturage en cas de présence trop importante de Betizu et d’autres animaux domestiques.

Figure 1 : Axes du plan de gestion

En pratique, l’application de ce plan de gestion rassemble plusieurs fois par an l’ensemble des parties prenantes au projet. Des comités de pilotage sont organisés ainsi que des journées de comptage et des fléchages des animaux en vue des prélèvements sanitaires.

Deux types d’inventaires sont réalisés annuellement : des comptages collectifs et une identification photographique individuelle des animaux.
La journée de comptage se déroule au printemps et consiste en un comptage des Betizus sur une journée, pour chaque massif, avec la participation des acteurs locaux et des usagers réguliers, bénévoles pour l’occasion. Elle a pour but d’identifier la position des différents petits groupes de vaches, de compter le nombre d’individus et si possible d’identifier le sexe des animaux. Un protocole précis est mis en place afin d’éviter de compter plusieurs fois les animaux pour ne pas trop mésestimer leur nombre. La zone est quadrillée par plusieurs équipes de recherche composées d’une chargée de mission du Conservatoire, d’une personne guidant le groupe au sein du massif et de quelques bénévoles. Une réunion préparatoire est organisée le matin et un débriefing vient clôturer la journée de comptage. Le bilan est ainsi dressé à la fin de la journée quant au nombre d’animaux présents ainsi que la position relative des groupes.
L’identification individuelle des animaux se déroule tout au long de l’été et consiste en une étude plus poussée de la population à la suite des résultats obtenus lors du comptage. Un stagiaire, encadré par le Conservatoire a pour mission de suivre quotidiennement les animaux, d’en confirmer le nombre le plus précisément possible et de dresser un portrait de chacun à l’aide de photographie. Un trombinoscope annuel est publié et permet ainsi de comparer l’état de la population chaque année et d’affiner avec les acteurs locaux, les mesures de gestion à mettre en place.
La veille sanitaire se fait en partenariat avec la DDPP 64, elle consiste à endormir certains individus à l’aide de fléchettes tranquillisantes. Ces manipulations se font sous la surveillance d’un vétérinaire qui réalise les prélèvements sanguins. A ce jour, aucune des 21 vaches testées n’était porteuse de maladies.